c. ale_skyz & poupa




❝ I hate my work, but I'm in control
I'm fearless now, but it cost my soul
Save yourselves, the moon is full
Under its power, gravitational pull ❞

Avery n’aimait pas les forêts. Elle n’aimait pas non plus la nature et les petits animaux qui se plaisaient à se faufiler entre ses jambes. La jeune femme avait quitté le parc, en compagnie de Grayson qu’elle ne quittait pas d’une semelle, afin de s’enfoncer dans la forêt qui bordait cette petite étendue de verdure. A tout bien y réfléchir, elle aurait préféré passer sa soirée à végéter devant la télévision ou en tête-à-tête avec G. (toujours devant le téléviseur) Tenant fermement une petite fiole d’eau bénite dans une main et un petit bout de papier sur lequel était écrit les formules d’exorcisme dans l’autre, Avery s’arrêta brusquement et leva les yeux au ciel lorsqu’elle sentit une goutte rouler sur sa joue. Elle ferma les paupières avant de reprendre sa marche forcée, serrant contre elle les ustensiles qui pourraient éventuellement lui sauver la vie. A chacun de ses pas, elle sentait la fraîcheur de la lame du couteau qu’elle avait rapidement glissé dans la poche arrière de son jean. Impression très désagréable qui lui arrachait parfois quelques petits grognements agacés. Même si Grayson avait l’air incroyablement calme, on ne pouvait pas en dire autant d’Avery qui sentait son cœur s’emballer dès qu’elle entendait une petite brindille craquer ou alors des feuillages bouger. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était d’en finir avec cette chasse et de proposer un hamburger gratuit à Grayson. Elle savait le prendre par les sentiments et se doutait bien qu’il n’était pas le genre d’homme à déguster des mets savoureux dans des restaurants quatre étoiles. Elle le connaissait depuis longtemps, elle avait adoré son petit côté protecteur et exécré sa facette charmeuse. Depuis le retour du jeune homme à Williamsport, Avery se surprend à penser des choses… pas très catholiques, va-t-on dire. Les sentiments qui se sont insinués en elle l’ont surprise car G., bien que catalogué dans la catégorie « créatures de rêve », restait un de ses meilleurs amis et pas un gars avec qui elle pourrait potentiellement coucher. Son petit doigt lui soufflait d’ailleurs que c’était à cause de lui si elle avait commencé à chasser : A. ne chassait d’ailleurs qu’avec lui, trop intimidée pour prendre les armes et se débrouiller seule. Certes, elle s’était décidée à exorciser un démon afin de démontrer à son frère qu’elle n’était pas folle mais ce fut l’unique exception qui confirma la règle. Avery se sentait en sécurité lorsqu’elle était avec Grayson, parce qu’elle savait pertinemment qu’il pouvait la protéger et faire barrière de son corps (bon peut-être pas) si sa vie était menacée. Son regard s’attarda sur le chemin qu’ils empruntaient, frissonnante à cause de la pluie qui commençait à frapper violemment ses épaules découvertes, avant de le porter sur le profil de Grayson. Elle resta quelques secondes ainsi, marchant à l’aveuglette, les yeux rivés sur le nez du jeune homme. Ceci étant dit, elle put se raisonner et esquiver de justesse un arbre qui se dressait fièrement devant elle. Ses phalanges se contractèrent autour de sa petite bouteille d’eau bénite alors qu’elle continuait à trottiner à côté de Grayson.

« C’est telleeeement casse-pieds… » Geignit Avery en secouant sa chevelure brune qui commençait à être sacrément humide. Elle cala le bout de papier dans la poche avant de son jean étant donné que celle de derrière était occupée par son couteau. (couteau à peine bon pour étaler du beurre) « Ce serait bien d’aller manger un morceau après la chasse, non ? Je meurs de faim. » Avery se rendait bien compte que le moment n’était pas propice à parler de « bouffe, bouffe and bouffe again » mais elle n’en avait cure. Elle avait besoin de se changer les idées, de penser qu’elle n’allait pas mourir dans la seconde sous les coups d’un démon mal luné. Au moins, ces petites parties de chasse avaient le mérite de lui faire oublier ce qui la préoccupait d’habitude, à savoir les problèmes psychologiques de sa mère. A. espérait vainement que cette dernière n’était pas possédée et qu’elle allait bien… Aussi bien que sa fille qui risquait de se casser un ongle et que son fils qui faisait je-ne-sais-quoi en compagnie de je-ne-sais-qui. Ses mots se bousculaient et n’arrivaient pas à passer sa bouche entrouverte alors qu’elle avait des tonnes de choses (inutiles pour la plupart) à dire à Grayson. Elle préféra s’humecter les lèvres et continuer sa route, savamment collée contre l’épaule du jeune homme. Avery remarqua que la nuit commençait à tomber. Les battements de son cœur se calèrent parfaitement contre sa jugulaire, tant et si bien que ses tempes en devinrent douloureuses. Elle avait l’impression de se retrouver dans un Dracula, persuadée qu’un vampire n’allait pas tarder à apparaître tout en sachant pertinemment que ce genre de créatures nocturnes n’existait pas. Enfin s’ils existaient, ils seraient sans doute un peu plus crédibles que le Edward dans Twilight qui kiffait se mettre à poil lorsque la lumière apparaissait. Chacun son trip, hein. S’amusant avec le bouchon de la fiole, un fin sourire carnassier étira ses lèvres rosées, trop heureuse de pouvoir balancer mentalement des vannes pourries envers un Eddie-chou qui aurait pu lui servir de lampe les jours de grand soleil. (bon, ça sert à que dalle mais les vampires lumineux restent relativement tendances…)

« Alors, alors. » Marmonna Avery en passant maladroitement le dos de sa main sur son front humidifié. Ses fossettes se creusèrent en un sourire complice alors qu'elle enjambait une flaque qui aurait pu lui coûter une paire de chaussures. « Il n'y a apparemment aucun démon... » Exact mais vous n'avez même pas fait quinze mètres. « Je te paie un café ? Tu viens chez moi ? Tout ce que tu veux mais je suis pas rassurée avec ça... » D'un mouvement de tête, elle désigna le ciel qui s'obscurcissait. « On y verra absolument rien, Gray. » Plaida-t-elle en esquissant une moue gênée, consciente de se faire passer pour la poule mouillée qu'elle n'était pas. (quoi que)