❝ Tu t'abreuves à ma source et je bois à la tienne, on est de la même pousse, on est du même germe et c'est fou comme je t'aime ❞

« Charlie, Emma ! Rentrez maintenant, c’est l’heure de manger »
« Attend maman, on a pas fini votre bonhomme de neige ! »
« Ne vous inquiétez pas il sera toujours temps de le finir après le repas ! »
« D’accord, aller, dépêche toi Emma, la dernière arrivée à la maison à perdue ! »

La famille Greenaway, une charmante famille vivant à Williamsport en Pennsylvanie. Heather et Jim Greenaway étaient mariés depuis déjà dix ans et ils étaient les heureux parents de deux petites filles. Des jumelles. Ils étaient très unis tous les quatre. Une famille banale mais très heureuse comme beaucoup d’autre. Ce genre de famille qu’on ne remarque pas et qui ne veulent pas se faire remarquer. Ils avaient tous pour eux. Suffisamment d’argent pour vivre convenablement, Emma et Charlie s’étendaient à merveille, toujours ensembles, toujours très liées, quant à leurs parents, ils étaient très amoureux et surtout très fiers de leurs enfants. On aurait presque pu penser qu’ils s’agissait de la famille parfaite. On aurait presque pu penser que l’histoire de Charlie serait pleine de joie et de bonheur et que tout irait bien dans son petit monde. On aurait pu le lui souhaiter et y croire, vu qu’au commencement, c’était plutôt bien partit. Mais les belles choses ne sont peut-être pas faites pour durer. Il aurait fallu pouvoir garder cet instant, les deux petites brunettes courant jusqu’à leur mère qui les attendait sur la terrasse de la maison pour s’assurer qu’elles ne rentrent pas pleine de neiges dans la maison ! Elles étaient adorables les deux petites Greenaway. La course se termina, et ce fut Charlie la première arrivée, ce fut Charlie qui gagna.

« Charlie, Emma dépêchez vous s’il vous plait ! »
« On vient pas ! »
« Comment ça vous venez pas ? Vous n’avez pas le choix … »
« On s’en fout, avec Emma, on reste à la maison ! »
« Ça suffit Charlie, tu vas t’habiller et toi Emma tu arrête d’écouter bêtement ta sœur ! Si vous n’êtes pas prêtes dans dix minutes, vous serez punie de télé ! »
« Charlie … Je veux pas être punie … »
« Hm … Bon d’accord on vient … »
« Dépêchez vous, c’est mon mariage, jvais avoir l’air de quoi si je suis en retard moi ? »

Monsieur Greenaway accorda un sourire aux deux petites qui allèrent se préparer, pas vraiment motivée, sans doute déçues de devoir aller assister au mariage de leur père avec une autre femme. Elles avaient l’impression qu’il avait vite oublié leur mère, alors qu’elles, elles n’arrivaient pas à se remettre de la mort de cette dernière. Elle était morte l’année dernières, elles avaient huit ans à ce moment. Elle avait eu un accident de voiture en se rendant au boulot. Elle était morte sur le coup. Ce fut dur pour les deux jumelles, mais restant unie dans l’épreuve, elles ont toujours fait de leur mieux pour rester forte. Et un jour, cette femme est arrivée Lauren, déjà rien que son prénom, Charlie ne l’aimait pas. Mais en plus, elle prétendait prendre la place de leur maman, et leur père la laissait faire comme si la situation lui convenait et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu’aujourd’hui il se mariait avec cette femme et qu’elle consentait même à les adopter. Elles étaient un peu jeune pour comprendre, et au fond Emma elle n’y avait pas vraiment prêté attention, mais en tout cas, l’idée ne plaisait pas à Charlie, elle la sentait très mal cette histoire, elle aurait voulu éviter ça et pourtant ce jour là, la fameuse Lauren devint leur belle mère, bizarrement avec son entrée officielle au saint de la famille Greenaway, les choses se compliquèrent, la belle histoire s’assombrit toujours plus qu’elle ne l’avait déjà été à la mort d’Heather. Charlie aurait préféré que Lauren ne rentre jamais dans cette famille …

« Emma, réveille toi ! Pourquoi est-ce qu’elle se réveille pas !? »
« Charlie s’il te plais calme toi … »
« Que je me calme ?! Hier elle avait presque bien et aujourd’hui elle est dans le coma et personne ne veut m’expliquer pourquoi ! Je veux pas me calmer ! Je veux qu’on me dise ce qui lui arrive ! Je suis plus une gamine, je peux comprendre ! »
« Ça suffit Charlie tais toi, on est dans un hôpital … »
« Premièrement, toi, tu n’as pas à me dire de me taire, tu n’es pas ma mère et tu ne le seras jamais ! Deuxièmement je continuerais de m’énerver et de demander des explications tant que personne ne daignera me répondre ! C’est clair ? »
« Charlie ! »
« PUTAIN ! Arrête de répeter bêtement ’Charlie’ à tout va et contente toi de répondre ! »
« Les docteurs disent qu’elle a été empoisonnée … »
« Empoisonnée … ? Quelqu’un a empoisonné Emma … ?
« La tentative de suicide n’est pas a exclure dans une telle situa… »
« Ferme là toi ! »
« Charlie tu vas arrêter de parler comme ça à ta belle mère ! »
« Mais … »

Emma était tombée malade quelques semaines auparavant, elle avait été hospitalisée et son état n’avait fait que s’aggraver de jour en jour sans que les médecins ne puissent rien faire. Il leur aura fallu du temps pour trouver la cause de la maladie de la jeune femme, un empoisonnement. Ils avaient trouver cela bien trop tard, maintenant, elle était plongée dans un profond coma, elle semblait dormir paisiblement et pourtant jamais elle ne se réveillait. Comme si ce n’était déjà pas assez difficile à supporter, voilà que Lauren laissait sous entendre qu’Emma aurait pu avoir envie de se suicider, n’importe quoi. En tant que sœur jumelle, Charlie connaissait Emma comme personne, elle était comme une moitié d’elle-même, elle savait pertinemment que sa sœur n’aurait jamais fait une chose pareille. Elle l’aurait su si Emma avait été malheureuse au point de tenter de mettre fin à ses jours et elle l’aurait aidée et rien de tout cela ne serait arrivé. Mais les jours passèrent sans qu’Emma ne se réveille, les semaines et bientôt les années tout ce temps pour semer le doute dans la tête de la jeune femme, finalement, peut être qu’elle n’avait pas été à la hauteur.

❝ J'ai des amis, j'ai des amours, je connais pas leur nom on surfe tous au gré des toiles, sûr qu'on est pris dedans, sûr qu'on est rien de rien, que du vide, que du vent, sûr qu'on est rien, rien, que des morts, que des morts vivants ❞

« Cher Emma, j’ignore si tu liras un jour cette lettre et plus le temps passe, plus j’en doute. Je viens d’arriver en France et je vais y rester pendant deux ans, c’était un projet organisé par l’université dans laquelle j’étudie déjà depuis déjà deux ans, à Williamsport. Je n’avais pas envie de participer à ce projet mais papa m’a un peu forcé la main. Il sait bien que j’ai toujours rêvé de voir Paris, mais je ne voulais pas quitter Williamsport, je ne voulais pas te quitter toi. Je pense que c’est aussi pour ça qu’il a insisté, il ne comprend pas pourquoi je me tue à garder espoir, je crois que lui, il a baissé les bras depuis longtemps déjà, je pense qu’il voudrait te voir partir et qu’il voudrait me voir vivre autrement qu’à ton chevet jours après jours. Moi, je refuse de croire que tout est fini, je sais bien ce que dise les docteurs, mais tu n’es pas morte et tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir n’est-ce pas ? C’est mon opinion et personne ne me fera changer d’avis. J’aurais aimé que tu puisses voire Paris toi aussi. Je suis sûre qu’un jour, on ira ensemble et tu pourras admirer les merveilles de cette ville. Je m’y plais vraiment, même si tu me manques. Je t’aime. Charlie. »

Charlie venait d’arriver à Paris, elle était hébergée dans une famille d’accueil très agréable elle avait tout pour apprécier le séjour, il n’y avait que l’absence de sa sœur pour tout gâcher. Cela faisait maintenant cinq ans que sa sœur était plongée dans un profond coma, cinq ans et pas le moindre changement. Ils disaient tous que c’était fini, qu’elle ne reviendrait pas et pourtant, Charlie elle, continuait d’y croire. Évidemment, c’était à leur père de prendre la décision de la débrancher, ce n’était pas à Charlie que revenait ce choix, et même si leur père avait perdu espoir depuis longtemps déjà, il se refusait à aller à l’encontre de la décision de Charlie. Tout ce qu’il avait pu faire, c’était l’envoyer à Paris pendant quelques temps pour qu’elle oublie un peu, pour qu’elle réalise l’un de ses rêves d’enfants, même s’il savait pertinemment que quand elle reviendrait, elle retournerait directement au chevet de sa sœur, et qu’elle continuerait sa triste vie, les cours la journée, l’hôpital le soir, son appartement la nuit et le même cheminement le lendemain et les jours à venir. Elle s’était habituée à cette vie sans doute triste et monotone et elle n’avait pas envie que ça change, il y avait bien eu des hommes qui avaient réussis à la faire bouger un peu, des amourettes qui se terminèrent toutes les unes après les autres, sans doute parce qu’elle accordait toujours plus d’importance à sa sœur comateuse qu’à ses petits amis. Elle ne baissait pas les bras, elle voulait croire que tout n’était pas fini. Elle envoya sa lettre à l’adresse de son père, elle savait pertinemment que ce dernier ne l’ouvrirait pas mais qu’il irait la porter dans la chambre de sa sœur et qu’elle y resterait longtemps sans jamais être ouverte.

« Charlie, ma petite parisienne, ça me fait plaisir de te revoir ! Tu m’as manquée ! »
« Toi aussi tu m’as manqué papa. »
« C’était comment ces deux longues années ? »
« Presque parfait … »
« J’aurais espéré que tu me ramène un gendre français … »
« C’est raté apparemment ! »
« Ils savent pas ce qu’ils ratent ! »
« Sans doute oui. Bon, je vais aller voir Emma … »
« D’accord … »

Elle venait tout juste de remettre les pieds à Williamsport, elle avait rendu visite à son père et la voilà qui retourne déjà à l’hôpital veiller sur sa sœur, elle n’avait pas l’impression qu’elle avait changée depuis la dernière fois qu’elle l’avait vue, c’était sans doute parce qu’elle avait l’impression de se voir dans un miroir en la fixant. Elle aurait tellement aimé qu’elle se réveille enfin, mais pourtant elle dormait encore. Et le jour suivant c’était pareil, celui d’après aussi et ainsi de suite, les années filèrent et la vie de Charlie ne changea pas, toujours fidèle à elle-même, elle avait une vie très monotone. Elle termina ses études, entra dans la vie active, mais ça ne l’empêcha pas de continuer à passer son temps libre au côtés de sa sœur, de ne pas faire attention aux hommes avec qui elle avait de courtes aventures, une vie simple et monotone qui n’était sans doute même pas vouée à changer et pourtant un jour toute cette banalité connaitra un nouveau tournant.

❝ Là, tu vois, j'ai le sentiment qu'autour de nous, plus rien ne sera comme avant, ne me laisse pas m'en aller seul dans les bois, ne me laisse plus m'éloigner là éperdu ❞

« Pardon. Je vous avais pas vu. »
«C’est moi, j’aurais du regarder…»
« Oui… Enfin ! Je veux pas dire que… c’est… bref. »
« Ouais, on oublie ? »
« C’est sans doute mieux… »

Elle adressa un sourire au jeune homme, croisé dans un couloir de l’hôpital dans le service des comateux. C’était un jour comme un autre, elle était à l’hôpital au chevet de sa sœur, elle était sortie prendre un café et elle avait rencontré cet homme. Une bousculade, ça aurait pu s’arrêter là, personne n’aurait pu imaginer que ça aurait pu aller plus loin et pourtant, les deux jeunes gens se revirent plus d’une fois dans les couloirs de cet hôpital parce qu’ils venaient tous les deux, jours après jours veiller sur un être leur étant cher. C’était sa sœur jumelle et lui son épouse, ils étaient tous les deux blessés et c’est peut être ça qui les a rapprochés. Ils sont tombés amoureux et ont entreprit une belle histoire, oubliant peu à peu ces êtres pour qui ils s’étaient longtemps condamnés au malheur. On aurait sans doute pu penser qu’ils étaient fait l’un pour l’autre et que depuis leur rencontre dans cet hôpital rien ne pourrait les séparer, ça a sans doute été le cas durant les longs mois qu’ils ont passé ensemble, ces mois de bonheurs qui entrainèrent une demande en mariage que Charlie a vite a accepter sans se poser de question, sans douter de rien alors qu’elle aurait eu toute les raisons du monde de s’inquiéter étant donné que techniquement il était encore marié, mais qu’importe, elle était amoureuse et il était devenue sa seule raison de s’accrocher à ce monde où elle avait eu tant de fois l’impression d’être seule depuis qu’elle avait perdu sa mère, puis sa sœur. Elle voulait croire et l’amour, elle voulait croire en cet homme dont elle était follement amoureuse et surtout, elle voulait croire en un avenir meilleur …

« Eitan … Tout va bien ? »
« Oui … Juste mal à la tête. »
« Ça va aller ? Tu veux qu’on rentre ? »
« T’inquiètes pas, je vais prendre un taxi, reste là et profite, c’est ta soirée … »
« D‘accord … Je t‘aime …»

Elle n’était pas sûr que le jeune homme ait entendu la fin de phrase, il s’était déjà bien éloigné. Elle laissa échapper un soupire. C’était souvent comme ça ces derniers temps, il avait souvent mal à la tête, il partait sans rien lui dire, il la laissait souvent en retrait elle avait souvent l’impression qu’il lui mentait, qu’il ne lui disait pas tout et ça avait beau l’agacée, elle ne savait pas vraiment comment réagir. Ces derniers temps à Williamsport tout était bizarre, ces meurtres, ces histoires de démon et maintenant même son fiancé était étrange ! Elle jeta un coup d’œil à la bague de fiançailles qui ornait son annulaire gauche avant d’avaler le contenu de la coupe de champagne qu’elle tenait entre ses doigts, il avait raison, elle devait en profiter, elle venait juste d’être promue directrice du musé dans lequel elle était conservatrice depuis déjà trois ans, une belle promotion c’était déjà une bonne chose dans sa vie, pour ses histoires de couple, elle verrait ça demain …

☜ HUMANS ☞

La situation actuelle en quelques mots ? Elle dépasse complètement la pauvre Charlie. Sa vie avait enfin repris de la couleur, elle était heureuse et ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas connu ça. Mais évidemment, la situation actuelle a tout foutu en l’air ! Pas qu’elle soit tout à fait malheureuse et au bord du suicide, disons juste que les choses lui échappe. La distance s’est placée entre elle et son fiancé, elle ne comprend pas ce qui lui arrive, elle voudrait pouvoir l’aider, lui en revanche semble peu à peu s’enfuir comme s’il voulait lui cacher des choses. En plus de ça, il faut l’avouer, Charlie a peur, elle n’est pas vraiment sûre de croire aux démons, c’est un peu trop étrange pour elle sans doute, mais même l’idée qu’elle puisse un jour sortir pour aller bosser et se faire agresser forcément, ça l’inquiètes, du coup, elle se balade toujours avec une bombe au poivre dans son sac mais avouons le, si elle se retrouve contre un démon, ça ne l’aidera pas beaucoup !

c. livejournal