New-York – 22 janvier 1998

Cher journal,

Je l'ai revu aujourd'hui, le garçon qui me plait tant. J'ai enfin décidé qu'il était temps que j'aille vers lui, que je lui dise enfin tout ce que j'ai sur le cœur, qu'il sache enfin ce que je ressens pour lui. Jamais j'aurais cru à ce qu'il se déroulerais suite à cet acte. Il s'est moqué, oui, il s'est moqué, il m'a dit que je n'étais et que je ne serais jamais rien pour lui, qu'il était trop bien pour moi. Que je n'étais pas à la hauteur de sa belle gueule, en d'autres termes que j'étais trop moche pour lui. Il a ajouté que je devais dégager de sa vue. Que je le laisse tranquille. J'ai eu mal, très mal, trop mal, si tu savais. J'ai eu l'impression qu'on me donnait un coup de poignard dans le cœur et qu'on le tournait dans tous les sens juste pour un sadique plaisir. Je me suis réfugiée dans les toilettes, et là, j'ai pleuré, tout en pestant contre lui, contre Reagan, et contre tous ses adolescents que je détestais tant. J'aurais voulu m'enfoncer dans un trou pour ne jamais en ressortir, pour me cacher de cette ville cruelle. Heureusement, toi tu es là cher journal.

San Diego – 13 février 2002

Cher journal,

Je ne me suis pas confiée à toi depuis un moment maintenant, et j'en suis désolée, mais je n'ai pas eu beaucoup le temps, entre mon intégration dans cette nouvelle école et le déménagement, je n'ai pas eu une minute à moi. Papa a été muté, il travaille beaucoup plus, je ne le voit que très rarement, pour se faire pardonner il m'a même offert une voiture, t'y crois toi ? Je ne m'attendais pas à tant ! Maman, elle, elle a décidé d'ouvrir un café, tu sais, dans le genre Starbuck, comme il y avait à New-York. Un lieu ou vieux et jeunes pourraient se retrouver. Je trouve ça un peu kitsh mais bon, tant qu'elle est heureuse c'est le principal. Et moi dans tout ça ? Je vis ce déménagement comme un véritable soulagement, tu n'imagines même pas. Je suis d'une humeur radieuse, plus jamais je veux remettre les pieds dans la Grosse Pomme, plutôt mourir. J'en ai fini avec cette ville maudite. « Une nouvelle ville pour une nouvelle vie » m'a dit papa. « Tu verras, tu te sentiras beaucoup mieux ici » m'avait dit maman. Je trouve déjà l'endroit merveilleux, et les cours ont bien commencés malgré le fait que je suis arrivée en milieu d'année.

Sans Diego - 1er juillet 2004

Cher journal,

Les médecins m'ont dit que j'avais eu de la chance d'être toujours en vie, mais, ceux qui étaient dans la voiture avec moi, ont eu beaucoup moins de chances que moi. Si tu savais combien je me sens fautive, combien je me sens mal d'avoir pris le volant ce soir-là. Gabriel et Faustine avaient réussi à me persuader d'aller à une fête, moi qui n'aime pas la musique tu m'imagines m'éclater dans tout ce brouhaha. Mais j'avais accepté, et puis je n'avais pas vu mes deux meilleurs amis depuis un moment que tout les prétextes pour passer un moment avec eux étaient les bons. Maintenant, je ne reverrais plus jamais Gaby et Faust'. Je sais que je vais devoir aller présenter mes excuses à leurs parents, je sais qu'ils ne les accepteront peut-être pas, car perdre un enfant est la pire des pertes. Moi en tout cas, je sais que j'aurais du mal à pardonner à la personne qui est la cause du décès de mon enfant. Papa et maman tentent de me consoler, mais en vain, ils me disent que je ne dois pas me sentir responsable, que je ne pouvais pas voir cet arbre couché au milieu du chemin, alors qu'il faisait nuit noir. J'ai tenté de freiner, je n'ai pas réussi, j'ai perdu le contrôle de ma voiture, pour terminer ma route dans le fossé. Je suis donc bel et bien responsable. J'aurais du me douter que la tempête de la veille aurait causé des dégâts sur les routes, mais j'avais été trop excité à l'idée de passer un moment avec mes amis que ça m'était complètement sorti de la tête.

Floride – 29 mars 2007

Cher journal,

Vingt-et-un ans, c'est mon anniversaire aujourd'hui, ça y est je suis majeure. On m'avait dit: « Tu verras Nicah, la majorité c'est géniale, tu n'as plus d'attaches, tu fais ce que tu veux quand tu veux et où tu veux, tu te sens mieux, tu as l'impression d'être libre et de vivre pleinement ta vie comme tu le souhaite. » Et bien tu sais quoi ? Foutaise ! Je ne me sens pas différente, je ne sens aucune différence entre hier et aujourd'hui. C'est un âge comme les autres, c'est moi qui te le dis. Je ne l'ai d'ailleurs pas fêté. J'ai été au café du coin, je me suis prit un chocolat chaud et un beignet, j'ai fait un vœux qui ne se réalisera jamais, je suis quand même réaliste. J'ai eu une pensée pour cet enfoiré de Reagan qui avait fait de moi la personne que je suis aujourd'hui. Et je me suis souhaité un bon anniversaire. Alors la prochaine personne qui m'annonce qu'un certain âge procure un véritable plaisir quel qu'il soit, je lui balance mon poing dans la figure. Je sais, tu vas dire que je deviens violente. Mais j'ai décidé de me prendre en main, je ne me laisse plus marcher sur les pieds, je prend mon destin en main, je me bat contre l'absurdité, je vis au jour le jour, je me fous de ce que l'on pense de moi, et je me fous des autres. Je vis pour moi. C'est la renaissance.

Williamsport – Mars 2011

« N'en déplaise aux courtisans qui baisent les pieds des hommes les mieux chaussés. Je me ris de leur vie de punaises écrasées. Que se taisent les futiles fadaises qui brillent en belle société. Je suis fort à mon aise dans les crimes de lèse-majesté. »

Cher toi,

Te souviens-tu de moi ? Te souviens-tu de celle que tu as rejeté il y a de ça un peu plus de dix ans, te souviens-tu de la petite qui t'as ouvert son cœur, et de ce cœur que tu as cassé en un amas de morceaux. Et bien tu sais-quoi, je voulais te remercier, te remercier car grâce à ta cruauté la petite Nicah que tu as connu, elle n'existe plus. La faiblarde, celle qui fermait sa bouche, celle qui baissait les yeux, celle qui craignait tout, elle est morte, tu ne la connaitras plus jamais. Elle a évolué, elle a grandi. Tu lui as fait du mal à cette fille-là, et elle ne te le pardonnera jamais. J'ai envie que tu saches, qu'une fois par an je me lève, j'ai une pensée pour toi. Cette pensée qui te traite de tous les noms impossibles et inimaginables. Je suis prête à mettre ma main à coupé, que jamais tu n'aurais cru que ma rancune était aussi tenace. Aussi grande. T'aurais du le savoir, mais jamais tu as tenté de me connaitre, jamais tu as tenté de me présenter tes excuses, jamais tu t'es dis que tu y étais aller un peu fort. Et malgré la claque que je me suis prise ce jour-là en t'ouvrant mon cœur, j'ai cette envie de te dévoiler tout encore une fois, la seule chose qui changera aujourd'hui, c'est que je ne me pendrait plus rien en pleine figure, car cette lettre tu ne l'a recevra sans doute jamais, une fois écrite, elle ira dans une enveloppe, et cette enveloppe, elle ira se loger dans un tiroir sous d'autres papiers plus inintéressants les uns que les autres. Ma mère est morte, mon père est mort, mes meilleures amis sont morts, mon enfance est morte, je n'ai plus personne, je suis seule, j'en veux à la terre entière. Les démons, les vrais, pas ceux dans ton genre, ont tués la seule famille qui me restait. Je n'ai plus qu'un but dans ma vie, celui de renvoyer ces dits démons de là où ils viennent. Toute la colère qu'il y a en moi, je l'expulse contre cette vermine. Tu n'imagines pas combien ma haine est grande, toute cette haine que j'accumule depuis mes treize ans. Toute cette haine qui a débuté avec toi. Je les hais. Je te hais, tu es la personne que je déteste le plus au monde, et pourtant, je t'aime toujours autant. Je ne suis qu'une imbécile.

Nicah.

☜ HUNTERS ☞

Pourquoi devenir chasseur ? Car Nicah à une haine incommensurable contre cette vermine que l'on nomme plus couramment démons. Elle se fait une joie de les exterminer un à un, de les renvoyer en enfer, tout comme eux se sont fait une joie de tuer ses parents il y a maintenant quelques mois. En octobre pour être précis. Face à cette situation de déclin apocalyptique qui pèse au dessus de la tête de tous, elle ne peut que se révolter, elle ne peut pas rester de marbre. Elle met un point d'honneur à essayer de garder cette terre en vie et de « protéger » la population qui est en plein déni de la situation. Pourquoi les gens n'ouvrent-ils par leur yeux, ne voient-ils pas la réalité en face ? Nicah est très solitaire dans ses différentes chasses, elle n'apprécie que très peu que quelqu'un soit avec elle, c'est comme si on la surveillait, ou comme si on allait lui dire ce qu'elle doit faire, et comment elle doit le faire, chose qui ne lui plait pas.

c. fanpop