♥ALECSANDAR, c'est l'histoire d'un garçon ne voulant pas grandir dans un monde de grands. Oh, il n'avait jamais rien eu de spécial. Il grandissait dans le souvenir hantant d'un frère courageux et gentil, qui sentait la cigarette et qui posait une main affectueuse sur son crâne en disant : « Un jour, tu seras comme moi. » . Or la seule chose que Alecsandar était sûr de ne pas vouloir devenir, c'était comme EZEKHIEL. ♥

« Hey, mec, on a frôlé la vie ! Bordel, on a frôlé la vie ! LA VIE, MEC, LA VRAIE DE VRAIE ! » Agacé, Joachim lui répondit : « Putain, ta gueule ! Ferme ta grosse gueule de merde, putain de bordel de dieu de sa ra.. » « Hey, les deux junkies ! » « En deux-mille onze, on fonnnnnnzzz' ! » Et ils se mirent à courir comme des idiots attardés tétraplégiques. Alecsandar n'avait jamais été le plus bon en sport, jamais le mec qu'est juste le milieu non, Alecsandar avait toujours été un idiot attardé tétraplégique, surtout en sport. Son corps, tout fin et tout maigre qu'il était, semblait si souple, si étiré.. il n'en était presque rien, pour Alec du moins. Il zigzaguait, allant jusqu'à bondir par-dessus des poubelles, pour garder le bien volé. Joachim - son meilleur ami ou simili de - et lui s'étaient rendus dans le supermarché du coin. Dix-neuf ans les deux : pas le droit d'acheter de l'alcool. Comme si ça allait les retenir ! Ils avaient pris chacun un pack de six canettes de bière, avaient dupé le simili de garde et avaient commencé à courir.. comme des dératés. Finalement, Alec arriva à destination. Il bondit, littéralement. Son corps maigrelet se détacha du sol, alors qu'un fil de barbelé agrippait son pantalon trop grand, trop large. Le tissu se déchira et, en gloussant, il se réfugia dans la petite maison, accompagné de Joachim « Bon sang d'bon soir, qui va là ? » Un homme, la cinquantaine et qui sentait l'alcool sortit de sa demeure avec une fusil de chasse au poing. « Pappaaaa ! » « Casey Chase Mulligan ! Moi qui ai changé tes couches ! Nan mais ohw ! laisse cette progéniture se tuer à petit feu, bordel de bon sang d'bois ! Allez, allez, ouste ! » Le garde hésita puis, voyant que le vieil homme chargeait son arme, détala en décidant que les adolescents allaient payer. « Joe ! » aboya Alec et celui-ci lâcha le pack de bière tandis que son ami fonçait vers lui. Il en fit autant et leurs mains se rencontrèrent, alors qu'ils sautaient dans un bel ensemble de « yeaaaahhhh ! » et c'est ainsi que Alecsandar comprit qu'il était heureux, quand même. Son blond d'ami improvisa un solo de guitare, mêlant chouinements et grognements, avec du yaourt aussi pour en imiter les bruits. Ses mains plaçaient des accords dans le vide. Et Alecsandar s'apprêtait à chanter un truc qui avait strictement rien à voir, rassuré de ne pas s'être fait choper, quand le père de Joachim les interrompit. « Oh, les gosses, arrêtez ce raffut, là, là ! » Concert de soupirs « La sainte vertu ne vous a pas touchée, bande d'insolents ! Vous devriez avoir honte ! Voler ! Mais quelle honte ! Alecsandar, ta famille ne serait pas fière de toi, si elle apprenait cela ! » Le teint blême de celui-ci blanchit ; Joe le vit, même si le soleil commençait à décliner. « Il faudrait me garder sous silence, les jeunes. Vous ramenez quoi, dites-moi.. ? » Rires.

Jonathan Kalendar était un immigré russe naturalisé américain. Néanmoins, personne ne l'aimait - on l'aurait presque pris pour communiste ou proxiste. Mandra Kalendar, née Bobrwight, était quant à elle une jeune femme bien. Issu d'une famille pauvre, issue d'une famille aisée, ils n'avaient rien à faire ensemble.. mais l'amour fait bien des choses. Néanmoins, les Kalendar restaient pauvres, notamment à cause de leurs dettes. Cela ne les empêchait pas d'être heureux.. et encore moins de mettre leur progéniture en lycée français, ce qui avait le Ô grand don d'agacer Alec. Alec détestait cela. Pourquoi ? Car son frère aîné, Ezekhiel, y était allé avant lui. Du coup, à la rentrée, les professeurs disaient - en français - : « Alecsandar Kalendar, le frère d'Ezekhiel ? Oh, vous devez être doté d'une grande force physique/très bon en mathématiques/excellent en grammaire/avoir un coup de crayon merveilleux ! (plusieurs options au choix) » Hélas quand, un mois plus tard, lors du conseil de discipline où ils devaient dire : « Monsieur Kalendar a refusé d'éteindre sa cigarette et de remettre son pantalon. » et bien, ils étaient plutôt déçus. Mais Alecsandar s'en foutait. Il resserra sa cravate noire. Jamais on ne l'avait renvoyé. Pour la mémoire d'Ezekhiel. Pauv' type mort pour son pays, avec pour cadet un idiot. La vie n'avait pas dû être rose tout les jours. Voilà ce que se disaient les profs. Mais encore une fois, Alec s'en foutait. Aujourd'hui, en première heure, il avait cours de français. Il détestait cette langue et ses conjugaisons aussi nombreuses que.. débiles. Pendant le cours, il écouta.. ses écouteurs. Tout simplement. Il se renfrogna sur sa chaise, croisa les bras sur sa table pour y mettre sa tête. « Monsieur Kalendar ? Monsieur Kalendâââââââr ? » Un coup de coude dans les côtes. Il se redressa, enleva ses écouteurs. Aucun commentaire. Pour Ezekhiel. Il y en avait toujours que pour lui. « Nous parlions du futur, monsieur Kalendar. Que pouvez-vous nous dire à propos du votre ? » Il haussa un sourcil. Dans le regard cette professeure, dédain. Comme si elle savait parfaitement qu'il ne réussirait pas. Elle le savait, et elle avait pas tort, au fond. Et Alecsandar détestait les idées, aussi justes soient-elles, préconçues ainsi. Il fronçait maintenant les sourcils, en se levant. Il parlait français. Non, en fait, mais valait mieux dire que oui. « Et bien mon futur ? Dans un an, je vous barre de votre collège de.. comment vous dites ? Ah oui, de nuls. Car à seize ans, moi, je me barre de partout. Ah, ah, vous pigez ? Fly away, flyyy awayyyyy ! » Il imita un oiseau, comme si des ailes de pigeon allaient lui pousser sur les côtes.. « Et d'ici aussi, accessoirement. Voire.. maintenant, voilà. Goudebaille. » Il prit son sac et s'en alla. « JE SUIS UN REBELLE ET JE REFUSE L'ORDRE ETABLIIIIIIIII » Alec était si simple, en fait. Ah fond, c'était juste un gosse qui voulait être normal. Mais Alec n'était pas normal. Et il n'avait pas besoin de le savoir. Il fût renvoyé de ce lycée à l'âge de quinze ans. L'année suivante, il la passa dans un endroit miteux qui sentait mauvais. Mais il s'en fichait et ce, plus que tout autre chose. « Alecsandar ! Alecsandar ! » Celui-ci grogna, se leva. Son oreille le guida vers la voix qui appartennait assurément à sa mère. Soupir. « Ouais, quoi ? » Son regard bleu glissa sur les cheveux blonds, les yeux noirs et le nez aquilin. Le visage pâle de sa génitrice était baigné de larmes. Le regard affable du jeune vrilla sur son interlocuteur, prêt à lui sauter dessus. C'était un militaire. Visage droit et dur, nez cassé, cheveux courts et air vidé. Malgré tout, il se tenait droit comme un pic. Il sourit en voyant Alecsandar et ses lèvres enclines au sourire firent plisser la peau à côté de son oeil gauche, dévoilant une cicatrice aussi vieille qu'à vif. Ezekhiel. « T'étais pas crevé, toi ? » Redoublement des pleurs de la mère. « Allons, Alec, sois gentil avec ton frère et décharge-le. » Grognement. Air suffisant. « T'inquiète pas, Maman. » Et Ezekhiel entra, au grand damn de son frère. Alecsandar n'aimait pas Ezekhiel. A chaque fois, on le comparait à lui et cela avait le don de le mettre hors de lui. Ils n'avaient en commun que leur sang et leur nom. Et c'était déjà trop.

Dès ses seize ans, Alecsandar ne se considérait plus comme un Kalendar. Il traînait dans les rues, allait de temps en temps chercher Zakhariel à l'école et puis c'était tout. Des fois qu'il allait chez ses parents leur parler, alors que la tension était à son comble, Ezekhiel apparaissait et Alec se barrait sans remords. Il aimait cette vie. Il faisait les quatre cents coups avec Joachim. C'était divin. Les parents de celui-ci étaient séparés. Il allait souvent chez sa mère, car celle-ci était sa responsable légale. Son père, quant à lui, était un vieux rabougri qui habitait près de Williamsport, ville où étaient nés et avaient grandi les deux amis. Le vieux rabougri, d'ailleurs, était un vieux de la vieille qui hébergeait Alecsandar par gratitude de s'occuper de son fils. La plupart du temps, ils allaient se promener les deux. Ils prenaient des cigarettes, de l'alcool, de quoi manger et des fois un peu de drogues et s'évadaient dans les bois. Là, soit ils parlaient des filles en général, Joachim généralement de son lycée et après, c'était bonheur. Tout se passait bien. Alecsandar était heureux, à sa manière. Il n'avait pas besoin de se compliquer la vie avec les études. Il était dans la fleur de l'âge. Mais tout tourna mal. Comme quand on jette des papiers de sa fenêtre du troisième étage. On les regarde tomber, doucement. En apesanteur, ils semblent voler. Mais une fois près du sol.. ils chutent à une vitesse considérable. Voilà. Voilà ce qu'était Alecsandar. Un papier trop près du sol.

« Mais putain, je SAIS faire un garrot, c'est bon ! » Il défit sa ceinture et l'enroula autour du bras de Joachim avant de la serrer autant qu'il pouvait. « Attends, je fais pas mes piqû.. » « TA GUEULLLLEEEEEEEEE » Et il se tut. C'était rare, qu'Alecsandar écoute ce qu'on lui disait et encore plus qu'il le fasse. Silencieux, il resserra le cuir autour du bras pâle de son ami. « C'est bon, mec, ils arrivent. » Il regarda autour de lui. Les gyrophares s'approchaient inexorablement. Ses doigts rencontrèrent la joue de son ami. « Si tu me lâche maintenant, dude, je te tue. » « J'ai froiiid. Dois-je avancer jusqu'à la lumière blââââânnnchhheee ? » « Tsss, fais genre. » Un rire étouffé, transformé en toux. Il caressa doucement sa pommette, avant de l'embrasser furtivement. D'autorité, il prit la main de Joachim et le mit debout ; avant de passer son bras sous le sien afin de l'épauler. « On est là ! On est là ! » cria-t-il en le faisant avancer. Il boitait, l'autre. Son bras saignait. Les policiers, étonnés, le prirent dans leurs bras avant de le poser dans le brancard de l'ambulance qui venait d'arriver. « Alecsandar Kalendar ? » « C'est moi. » Déglutition du fonctionnaire. « Je me dois de vous mettre en état d'arrestation selon les lois de l'État de Pennsylvanie, avec pour chefs d'accusation : vols, dégradation de droits publics.. » Bip-biip-biiiip « .. voyeurisme, harcèlement, distribution de produits illicites.. » Chhhttt... ZBIM ! « .. et la mère de Joachim Stone a signalé sa disparition il y a vingt-quatre heures. » « Encore ! Trois-cent cinquante ! » « BORDEL, VOUS LUI FAITES QUOI ? » Biiiiiiiiiiiippppp. Alecsandar se démenait des poings du policier qui avait pris les poignets du jeune homme. « Lâchez-moi, lâchez-moi ! Enculés, vous lui faites quoi !? » Il se démena et finit par récupérer ses poignets et par foncer vers le brancard. Biiiiiiiiipppppppp. « Vous êtes en état d'arrestation pour les actes que j'ai dit précédemment. Vous avez le droit de garder le silence, si vous ne voulez pas exercer ce droit, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous. Vous avez le droit à un avocat, si vous n'en avez pas les moyens un avocat d'office pourra vous être accordé par la cour. Si vous choisissez de parler à un officier de police, vous avez le droit de mettre fin à l'interrogatoire à tout moment. Avez-vous compris ce que j'ai dit ? Voulez-vous répondre à nos questions sans un avocat ? » « Ta gueule. »

Joachim était mort d'une hémorragie. Un tronc d'arbre lui était tombé dessus, en fait. Paf. Les os avaient craqué. Il y avait beaucoup de vent, ces temps. Alecsandar était, à ce moment-même, en train de fumer plus loin. Il avait soulevé le tronc et avait conduit son ami jusqu'à un endroit où son téléphone passait. Il fit de la prison pour "d'jeuns". Ce fut tout. Alecsandar ne pouvait plus se regarder dans un miroir sans s'en vouloir à mort, alors, la drogue le fit oublier. Plus que d'habitude, en fait. Alecsandar ne veut pas se compliquer la vie; alors la vie se complique pour lui.

☜ CHOSENS ☞

J'ai des ancêtres ? OHMONDIEU ! Je savais trop pas ! Mais pourquoi personne ne me dit riiiieeeeeennn ? En tout cas, moi, je sais pas. Allez, dites-le moi. J'ai des tzars comme ancêtres ? AH, JE LE SAVAIS ! Je suis formidable.

Peut-être que ses ancêtres étaient des tzars, mais une chose est sûre, c'était des Élus(-tucru). Ça, Alecsandar ne le sait pas et ne le saura sans doute jamais. Des recherches, c'est coule. Ok, des reliques. Mais qu'est-ce qu'il peut en avoir à faire si c'est pas des OVNIs ? Alecsandar ignore tout de sa nature, un point et c'tout. Alecsandar ignore qu'en sa présence des éléments plus humains s'emboîtent. Il ignore qu'il ne peut pas dormir car il absorbe de l'énergie aux gens, sans le savoir. A chaque contact, il se sent gonflé à bloc alors que l'autre personne est un peu.. fatiguée, disons. Et les dons, n'en parlons pas ! Alecsandar les dévoire, ceux des autres ! C'est délicieux, trouve-t-il, sans savoir ce que ça peut bien être. En gros, Alecsandar inhale toute l'énergie et surtout les dons qui lui passent sous la main pour carburer avec.

c. Faraway & Faraway & FoX