"DO I MISS YOU ? "

Après avoir lu le journal de ce matin, un article avait accaparé toute son attention, et c'est sans prévenir Aaron qu'elle avait quitté la ville pour aller à une centaine de kilomètres de là, dans un petit village près de Lancaster toujours situé en Pennsylvanie. Bonne chasseuse, elle n'avait pas mit longtemps à trouver sa proie, mais la chasse ne s'était pas déroulée comme elle l'aurait imaginée. Cassy l'avait traqué toute la journée, ayant même trouvé cela presque trop facile à vrai dire, jusqu'à ce qu'elle se perde dans une usine désinfectée au milieu de nulle part, au plein coeur d'un guet-apens. Sa vie avait défilé devant ses yeux, son enfance, son adolescence, son mariage avorté, la découverte des démons sur terre, et enfin les personnes qu'elle aimait, son frère, ses parents, quelques amis à droite à gauche, son meilleur ami qui devait être encore possédé quelque part loin de la nouvelle Orléans et qu'elle n'avait pas réussi à retrouver... Et enfin Aaron, le seul qui réussisse à la déstabiliser, avec lequel elle sait pertinemment qu'il pourrait se passer quelque chose, mais comme à cache fois, elle prenait peur, et préférait aisément dire qu'il était juste un ami dont elle était proche... Elle avait commis une erreur, elle en était consciente, il n'y avait pas un seul démon devant elle, mais quatre démons que voulait elle faire contre cette horde, ils riaient à gorge déployé fiers d'avoir pris la chasseuse dans ses propres filets. Aucune issue possible, usant de ce qu'elle pouvait eau bénite, pendentif en argent, la partie s'annonçait gagnée d'avance. Elle savait qu'un jour ou l'autre ça arriverait, les chasseurs ne faisaient jamais long feu, et il arrivait parfois, lors d'une chasse, ou ils se retrouvaient dans une mauvaise posture et préféraient se suicider au risque de finir comme ce qu'il avait voulu éradiquer de cette terre. Prenant son courage à deux mains, elle avait tenté de courir en direction de la seule issue possible, plaquant sa chaîne en argent sur l'un des démons qui lui barrait la route. Mais l'un d'entre eux avait planté ses ongles dans son épaule, pénétrant la chair, elle avait étouffé un gémissement plaintif mais avait réussi à se dégager sait on comment et courir en direction de sa voiture qu'elle avait garé à l'entrée. Le sang coulait le long de son bras, mais elle n'y avait pas prêté attention, préférant rouler sans se retourner, tremblante, elle avait allumé la musique et mit un CD sans même prêter attention au groupe qu'elle avait choisi. Il parait que la musique adoucis les pleurs et cela marchait amplement avec notre chasseuse, elle se laissa emporter par la musique, ne pensant à rien, se laissant transporter par la mélodie et par le paysage qui défilait aux alentours. Elle souhaitait être au plus vite dans sa chambre d'hôtel, nettoyer sa blessure et se blottir contre Aaron, qui espérait elle, ne lui poserait aucune question si il était éveillé. Elle aimait sa présence, elle aimait partager ses draps de temps à autre, ne serait ce que pour une étreinte, même si elle se refusait à dire qu'il y ait plus que de l'amitié... Enfin arrivée à l'hôtel, elle s'engouffrait rapidement dans l'ascenseur, tentant de ne pas alerter le réceptionniste qui aurait pu trouver cela étrange de voir l'un de ses clientes l'épaule en sang en plein milieu de la nuit. Elle appuyait sur le bouton du troisième étage, trouvant l'attente horriblement longue, a bout de nerfs, blessée, elle se surprit à penser à son frère et à ses recommandation lorsqu'elle partait de temps à autre sans lui, qu'est ce qu'il pouvait lui manquer. Ceci dit, elle ne regrettait pas de l'avoir abandonné il y a près de deux ans de cela, son frère méritait une meilleure vie que celle qu'elle lui avait imposée, ils avaient toujours étés très différents, complémentaires, mais ils étaient deux opposés. Alex avait toujours rêvé d'une vie sans encombre, une maison, un chien, un job stable, la vie dont tout le monde pourrait facilement espérer ou avoir. Mais Cassidy n'avait jamais été semblable à ses congénères. La vie de Monsieur et Madame tout le monde elle n'en avait jamais voulu, et ce n'était pas prêt de changer. Liberté avait toujours été son maître mot, même si elle s'était attachés à certaines personnes durant son périple, Aaron étant le dernier en date.

Deux heures du matin, une ombre s'infiltrait à pas de loup dans la chambre d'hôtel dans l'espoir de ne pas réveiller la personne endormie non loin de la... Elle s'infiltrait jusque dans la salle de bain, sans faire de bruit, elle referma la porte derrière elle en priant pour ne pas le réveiller. La jeune femme enleva rapidement son T-shirt, frôlant la blessure du bout des doigts en mordant une serviette, regardant dans le miroir à quoi elle ressemblait . Son épaule était bien éraflée, griffée par un démon auquel elle avait fait face dans la soirée, si Aaron était au courant, elle allait passer un sale quart d'heure, de toute façon quoiqu'il en dise, il se heurterait à un mur... Même si il savait parfaitement que ses paroles atteindraient Cassy, elle agirait comme si ce n'était que des paroles sans profondeur, ce qui bien souvent l'énervait encore plus. Elle désinfecta la plaie, la nettoya, habituée à le faire seule, et la couvrit avec un bandage... Avec précaution, Cassidy attrapait un tee shirt d'Arron qui traînait sur le meuble de la salle de bain, et jeta son t-shirt ni vu, ni connue. S'appuyant contre la baignoire dans un équilibre incertain provoqué par le manque de sommeil et cette foutue griffure, elle chancela légèrement avant de se rattraper au lavabo en face d'elle, il faut dire que la pièce était plutôt étroite, même si cela lui suffisait largement. La jeune femme retraçait sa journée en un clin d'oeil, il faut dire qu'elle avait eu de la chance, elle n'était passée que très près de la faucheuse, ou de la possession, à en juger par la tournure des évènements. Cassy se souvint soudain des paroles de l'un des démons, il avait fait mention du retour de l'ancien, de qui parlait il, il fallait qu'elle y réfléchisse, mais pas ce soir, pas avec la fatigue accumulée. Elle prit une aspirine et se dirigea de nouveau vers la chambre, mais surprise, la lumière s'alluma alors qu'elle se dirigeait à tâtons vers le frigo histoire d'attraper une bière. Comme si de rien était, elle prit une bière, et se tourna enfin vers Aaron, un sourire aux lèvres, elle ne voulait pas qu'il s'inquiète pour elle, cela n'était pas la peine de l'alerter pour une broutille sans importance. "Aaron ... Je suis désolée de t'avoir réveillée si tu veux on reprends tout à zéro, tu fais semblant de dormir je me couche contre toi et on s'envole ensemble jusque dans les bras de Morphée. Ça te tente ?"Devant l'attitude d'Aaron, elle laissa un soupire s'échapper de ses lèvres avant de prendre une gorgée de bière en fermant les paupières, elle les rouvrit presque aussitôt avant d'ajouter. "Avant que tu dises quoique ce soit, j'ai du nouveau ! Cela en valait la peine, je te le promet... "

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Les fins rayons du soleil transperçaient les rideaux quand Aaron ouvrait les yeux. Par réflexe, il levait le bras jusqu’à la table de nuit, cherchant son téléphone portable à tâtons. Une fois celui-ci trouvé, il observait l’heure : une heure de l’après midi, un grognement s’échappait de sa gorge alors qu’il sortait lentement ses jambes du lit, ses pieds venant toucher le sol et accessoirement une de ses chemises jetée là par inadvertance. Une main venait se poser sur son front alors qu’il plissait les yeux, une migraine le tiraillant sans ménagement. Puis il finissait enfin par se lever, réalisant au même instant le côté vide de la chambre et le silence qui l’embaumait. Cassidy n’était pas là. Un soupir venait briser le fin silence alors qu’il portait à nouveau son téléphone à ses yeux, constatant le manque cruel de message. Soit, il ne s’attardait pas davantage sur ce « problème » et filait sous la douche, laissant l’eau chaude balayer le moindre de ses problèmes, profitant de la chaleur de celle-ci pour se détendre un peu avant d’attaquer sa « journée » et surtout sa nuit. Aaron espérait qu’une douche ferait un tantinet passer sa gueule de bois, car il s’agissait bien de ça au fond, la veille au soir il avait abusé du whisky et probablement même de bières, ça ne le gênait pas plus que ça, même si bourré il devait éviter à tout prix un quelconque contact avec la Police. La Police, son éternel souci, obligé de passer la plupart de son temps dans cette chambre miteuse le rendait dingue à force. Quoi qu’il en soit, le jeune homme sortait enfin de la salle de bain seulement entouré d’une serviette. Celui-ci encore barbouillé s’habillait lentement déjà prêt à passer l’après midi dehors, rester ici il en était hors de question.

C’était donc le teint relativement livide qu’Aaron quittait la chambre de motel, une veste en cuir sur le dos, et une veste à capuche sous celle-ci au cas où il aurait envie de cacher sa piteuse gueule de bois. Le soleil venait l’éblouir, obligeant le jeune homme à sortir une paire de lunettes de soleil pour pouvoir arpenter un bout de la ville tranquillement. Les yeux probablement rougis par l’alcool encore un peu présent dans ses veines ne feraient pas forcément une bonne impression. Histoire de se dégriser un peu, il achetait un sandwich avec une barquette de frites et allait se poser dans un coin, puis il attrapait un exemplaire du journal du jour posé négligemment sur le banc à côté de lui et le feuilletait. Encore de nouvelles disparitions, que cela ne tienne, il se prenait une journée de congés, et à vrai dire il était plus contrarié par l’absence de Cassidy que ces cas de disparitions. Quelques minutes plus tard, Aaron jetait le reste de son déjeuner dans une poubelle et continuait sa petite promenade, l’alcool avait complètement disparue même si la migraine, elle, semblait encore décidée à l’ennuyer. Le reste de l’après midi se passait de la même manière, il traînait les pieds, s’arrêtait devant des vitrines, constatait le manque d’activité flagrant de Williamsport et s’arrêtait finalement devant la maison de son enfance. Maison que son frère avait visiblement rachetée, souhaitant la conserver alors qu’il y avait vécu un nombre d’années moindre comparé au temps qu’Aaron y avait lui-même passé. Observant cette maison depuis le trottoir d’en face, une once de nostalgie le frappait de plein fouet, des souvenirs défilaient, des bons comme des moins bons, le décès de sa mère puis la décadence de son propre Père. Grayson ne l’avait pas vu se laisser aller de la sorte, il ne l’avait pas vu s’autodétruire jours après jours, devenant de plus en plus amères, de plus en plus violent comme de plus en plus faible et terrassé par l’alcool. Aaron secouait la tête, chassant par la même occasion des images non désirées, il était un peu plus de dix neuf heures, et l’obscurité tomberait bientôt, le temps de rejoindre le motel, elle serait déjà bien avancée. Un dernier coup d’œil était jeté à la bâtisse tandis qu’il rebroussait déjà chemin, la belle maison c’était fini maintenant, vu sa situation seule une chambre miteuse pouvait lui convenir, et le pire dans l’histoire c’est qu’il entrainait Cassy avec lui, plus ou moins, il ne l’avait pas forcé, jamais il ne l’avait obligé à venir le chercher en dehors de la prison ce soir là. Aaron ne lui avait jamais demandé de comprendre, et ne l’avait jamais empêché de le juger, comme tout ce que les autres semblaient faire avec plaisir. Mais que connaissaient-ils de lui au fond ? Rien du tout. Ils ne pouvaient pas comprendre le mal qui le rongeait, la noirceur qu’il pouvait garder en lui tout comme une certaine lumière, il n’était pas forcément le dernier à rire. Ca, la jeune femme semblait l’avoir comprit, il ne savait pas pourquoi mais elle avait visiblement su déceler une part de mystère, un secret bien enfoui, là quelque part, un Aaron complètement différent de celui qu’il était en surface. Bien sûr, certains traits de caractère restaient toujours, comme la distance et la méfiance, mais tout ça était balayé dès l’instant où la vagabonde franchissait le seuil de la porte.

En parlant de porte, le jeune chasseur l’ouvrait à la volée après avoir tourné la clé dans la serrure rouillée. Toujours aucune trace de Cassidy, il n’y avait pas une once de lumière malgré la présence de ses affaires, seule preuve comme quoi elle n’était pas définitivement partie. Il se penchait et venait ramasser un soutien gorge qui traînait là, pour le poser sur une des chaises. Les lumières s’allumaient alors qu’il déposait un sac de nourriture sur la petite table branlante, puis il appuyait sur le bouton de la télécommande et la télévision s’allumait comme par magie sur les informations régionales. De nouveaux cas inexpliqués qui ne l’empêchaient pas de croquer à pleine dent dans son burger. Repas pas très équilibrés mais avait-il réellement le choix après tout ? Les minutes passèrent, lentement mais sûrement. Lorsqu’il n’en put finalement plus, il éteignait tout et se jetait sur le lit, envoyant valser son jean d’un coup de jambes ainsi que son T-shirt puis il se glissait sous la couette épaisse, les paupières lourdes, fatigue probablement due à la veille, l’avant-veille et l’avant avant-veille. Deux heures du matin, la porte de la chambre grinçait sur une silhouette féminine, dormant à poings fermés, Aaron ne le notait pas, pas tout de suite. La jeune femme eut le temps de filer dans la salle de bain, ce fut à ce moment là que le jeune homme s’étirait sans bruit et quittait les draps pour venir se planter dans un coin de la chambre, attendant le moment propice pour allumer la lumière. La surprise eut l’impact désiré, Aaron la toisait du regard, les sourcils à demi froncés et ses bras venaient se croiser lentement contre son torse. Il était contrarié et ça se voyait clairement. Les paroles de Cassidy ne le surprirent pas vraiment, il restait de marbre face à la réaction de la jeune femme, il n’avait pas envie de rire –du moins pour l’instant, il savait qu’il finirait par détendre ses traits, il refusait de l’admettre mais il s’était inquiété. Il la laissait parler, sans intervenir, ce n’était pas encore le moment de répliquer, une fois qu’elle ait eut fini de s’expliquer rapidement, le jeune homme s’approchait d’elle, attrapait la bouteille de bière qu’elle tenait dans la main pour lui en piquer une gorgée. « Tu ne connais pas les sms Cass’ ? ». Une simple question qui voulait pourtant tout dire, le ton était, certes, plutôt froid mais il avait passé la journée dehors à chercher quoi faire, il aurait probablement préféré être sur une chasse à plusieurs miles d’ici. Il prenait un air renfrogné puis s’asseyait sur le bord du lit. « Et c’est quoi ton nouveau ? ». Oui, Aaron était soudainement intéressé, et il avait haussé les sourcils, jaugeant la jeune femme du regard, de haut en bas, un fin sourire au coin des lèvres.